Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/156

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 150 —

tous, mais le seul bon pour des Français, qu’ils ont le privilége d’être gouvernés par une famille unique, incomparable, dont pas un, pendant une si longue suite de siècles, qui n’ait été doux, modéré, et point tyran, point despote. Comme je n’aspire pas à faire un livre, ni à dire des choses neuves, mais à redire des vérités utiles à mes concitoyens, et à ne point laisser éteindre le feu sacré du patriotisme, si heureusement rallumé par le flambeau de la philosophie, je ne puis mieux faire que de copier les portraits fidèles de nos rois d’après les faits. Il nous sera impossible de sortir de cette galerie sans proférer tous ces mots, que les enfants savaient dire à Sparte : Je ne serai point esclave.

Il ne faut qu’ouvrir nos annales, bien qu’écrites par des moines ou des historiographes, pour voir, malgré ces panégyristes, qu’aucune histoire ne présente une plus longue suite de mauvais rois. L’énumération en serait trop fatigante[1]. Ne remontons qu’à Philippe le Bel.

Philippe le Bel, faussaire, faux monnayeur,

  1. On pourrait rapprocher ces jugements de ceux des historiens du dix-neuvième siècle. Desmoulins en contradiction presque constante avec Henri Martin et l’école doctrinaire, est d’accord presque toujours avec Michelet. On trouve dans la France libre les mêmes justices que dans la Philosophie de l’Histoire de France d’Edgard Quinet.