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et l’imbécile superstition d’un talapoin, semblent le fond de son caractère. Des trois fils de Henri II, on ne sait lequel fit le plus de mal à la France, année commune. Ils ne furent surpassés que par leur mère, cette Catherine de Médicis qu’on ne peut nommer sans horreur, qui bâtit sa domination sur nos calamités ; qui, en élevant ses fils dans l’astuce italienne, ne leur apprenant qu’à s’envelopper de ruses méprisables et d’intrigues dangereuses, montra si bien, par les maux infinis de ce règne, que savoir être roi, ce n’est que savoir dissimuler et trahir.

On souffre à placer Henri IV, comme Louis XII, dans une telle galerie. Encore Sully fut-il menacé quinze fois d’une disgrâce ; encore était-il incessamment assiégé d’une foule d’édits bursaux, extorqués par les courtisans et les maîtresses ; encore le code des chasses et la fuite de la princesse de Condé montrent-ils combien il est difficile, même à Henri IV, de ne pas abuser de l’autorité.

Louis XIII. Plus misérable que les rois fainéants, dont les cent quatorze années de règne ne donnent que dix-huit ans de majorité, il ne quitte point, étant majeur, les lisières de son enfance. Le mot qu’il dit à la dernière heure de Cinq-Mars, en tirant sa montre, le sang-froid avec lequel il regarde ce favori si cher, et cette lettre qu’il arrache à