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d’Énée et que les Arcaniens n’avaient point été au siége de Troye. Telles furent, si on excepte celle de la succession, toutes les guerres de Louis XIV, où il périt vingt millions d’hommes. Que sont ces assassinats obscurs, ces incendies d’une maison que châtient les lois, en comparaison de l’embrasement du Palatinat et de ses massacres en bataille rangée ? « J’ai trop aimé la guerre, » disait-il. Non, tu n’aimais point la guerre, C’était là, si c’en peut faire une, l’excuse de Charles XII : le sifflement des balles était sa musique ; mais toi, tu étais lâche ; tu fuyais loin du danger, autour de la calèche d’une prostituée ; tu lui donnais le spectacle d’une Saint-Barthélémy en rase campagne. Non, tu n’aimais point la guerre ; tu n’aimais que toi, tu ne voyais que toi, tu croyais que tout était à toi, et la vie de tes sujets et leurs femmes. Oh ! si j’avais été le marquis de Montespan, au lieu de prendre sottement le deuil, au lieu d’écrire au pape une lettre ridicule pour lui demander des secondes noces, j’aurais fait comme le sénateur Maxime, ou comme le savetier Messine[1], dont je m’étonne toujours qu’il y ait si peu d’imitateurs.

  1. Patriote qui mérita mieux qu’Aristide le surnom de Juste. Dévoré du zèle du bien public, il ne put souffrir de voir les Maupeou, les Terrai, les Saint-Florentin de son temps, et cette multitude de fripons et de scélérats des deux premiers ordres, demeurer impunis, et mourir dans