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vous ; et tandis qu’elle n’a prêté son ministère qu’à la justice et à la patrie, qui le demandaient, vous déshonorez la Lanterne. Ma gloire passera, et je resterai souillée de meurtres dans la mémoire des siècles. Voyez comme le sieur Morande, dans son Courrier de l’Europe, et le Gazetier de Leyde m’ont déjà calomniée ! Je laisse aux lanternes de ce pays-là le soin de me venger. Quoi que disent ces journalistes pensionnés,

Grâces au ciel, mes mains ne sont point criminelles.

Cependant, pourquoi vous mettre si peu en peine de notre commune justification ? Déjà le corps du délit est constant. Est-ce qu’on peut douter du complot formé contre Brest ? Est-ce qu’il n’est pas évident qu’il y avait une conspiration plus épouvantable encore contre Paris ? Est-ce qu’il n’y avait pas des maisons marquées à la craie ? Est-ce qu’on n’a pas découvert une quantité énorme de mèches soufrées ? Que signifiaient ces deux régiments d’artillerie, cent pièces de canon, et ce déluge d’étrangers, ce régiment de Salis-Samade, Châteauvieux, Diesback, Royal-Suisse, Royal-Allemand, Rœmer, Bercheny, Estherazy, cette multitude de hussards et d’Autrichiens altérés de pillage et prêts à se baigner dans le sang de ce peuple si doux, qu’aujourd’hui même à peine peut-il croire à l’existence de