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armes, hâteraient l’exécution de leurs desseins, et s’enhardiraient à pénétrer dans la capitale ? Est-ce qu’il n’est pas évident que l’émeute du faubourg Saint-Antoine, si bien payée, n’avait été excitée par le parti des aristocrates, qu’afin de s’autoriser à faire avancer des troupes ? Qui ne voit qu’on n’a ordonné alors aux gardes françaises et à Royal-Cravate de tirer sur les citoyens et de fusiller des gens sans armes, ivres, et épars dans le jardin de Réveillon, qu’afin de faire déguster aux soldats le sang de leurs concitoyens, et d’essayer leur obéissance ? Enfin qui n’a pas entendu les canonniers révéler qu’ils avaient avec eux une forme ambulante et leurs grils prêts, pour nous envoyer des boulets rouges ? Sentinelle vigilante du peuple, l’estimable M. Gorsas et autres journalistes ont observé, du haut de leur guérite, toutes les manœuvres de nos ennemis. On a développé dans le Courrier de Versailles à Paris, dans le Point du jour, etc., leur plan d’attaque ; et j’ai entendu de respectables militaires, des officiers généraux, attachés au Prince par des pensions, et non suspects, malgré leur répugnance à croire que Louis XVI eût pu, comme le grand Théodose, commander un massacre de Thessalonique, obligés de s’avouer à eux-mêmes qu’il n’est que trop vrai qu’une cour aussi corrompue que celle de Catherine de Médicis était aussi sanguinaire.