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lant ma position à Guise, de me voir deverrs le commensal et l'ami de Mirabeau, brûlé par le parlement de Toulouse l, et avec la réputation d'excellent citoyen et de bon écrivain. Ma Lanterne fait a présent la même sensation que la France libre... cela ne m'empêche pas de n'être point très heureux. Dans un moment je trouve la vie une chose délicieuse, et le moment d'après je la trouve presque insupportable, et cela, dix fois par jour. »

Tel il se montre dans ce passage, tel il fut toute sa vie. Ses amis, qu'ils se nomment Mirabeau, Robespierre ou Danton, le traitent tous comme un bon garçon, léger de caractère, sans grande consistance, mais vif et spirituel, et digne d'être caressé pour son talent, dont on peut tirer grand parti. On lui pardonne ses étourderies, même celles qui mériteraient un autre nom : « Adieu, bon fils, » lui écrit Mirabeau après leurs premières brouilles ; « vous méritez qu'on vous aime malgré vos fougueux écarts. » Plus tard, Robespierre le protégera aux Jacobins avec une bienveillance un peu hautaine. Ses correspondants même, dans leurs rapports publics avec lui, et plus tard ses collègues à la Convention, prennent peu à peu l'habitude de l'appeler par son prénom, Camille : on le re-

1 La France libre avait été condamnée au feu ; Camille adresse à ce sujet ses remerciments bien sincères au parlement de Toulouse, en tête de la Lanterne.