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la royauté, en montrant combien les cavernes même sont moins scélérates qu’un Louvre, puisque la maxime de tous les rois est celle de César : « Il est permis de violer sa foi pour régner ; » c’est ce que disait Antoine de Lève à Charles-Quint, dans son idiome religieux : « Si vous ne voulez pas être un scélérat, si vous avez une âme à sauver, renoncez à l’empire. » C’est ce que disait Machiavel, en des termes qui s’appliquaient d’une manière bien frappante à notre situation. Aussi n’ai-je pas manqué de citer, il y a un an, ce passage dans une pétition à l’Assemblée nationale : « Si pour rendre un peuple libre il fallait renoncer à la souveraineté, celui qui en aurait été revêtu, mériterait quelque excuse, et la nation serait injuste de trouver mauvais qu’il ne la trahît point parce qu’il est difficile et contre nature de tomber volontairement de si haut. » Tout cela prouve que les crimes de Louis XVI sont plutôt les crimes des constituants qui l’ont maintenu dans sa condition de roi, c’est-à-dire qui lui ont donné des patentes d’ennemi de la nation et de traître. Mais toutes ces considérations qui peuvent être bonnes pour affaiblir l’horreur de ces complots dans la postérité, ne sauraient devant la loi en faire adoucir le châtiment. Eh quoi ! les juges puniraient-ils moins un brigand, parce que celui-ci aurait été élevé dans une caverne à croire que toutes les propriétés des passants