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Robespierre est debout ; parce qu’il a donné la main à son émule de patriotisme, notre président perpétuel des anciens cordeliers, notre Horatius Coclès qui, seul, avait soutenu sur le pont tout l’effort de Lafayette et de ses quatre mille Parisiens assiégeant Marat, et qui semblait maintenant terrassé par le parti de l’étranger. Déjà fort du terrain gagné pendant la maladie et l’absence de Danton, ce parti, dominateur insolent dans la société, au milieu des endroits les plus touchants, les plus convaincans de sa justification, dans les tribunes, huait, et dans le sein de l’assemblée, secouait la tête, et souriait de pitié, comme au discours d’un homme condamné par tous les suffrages. Nous avons vaincu cependant, parce qu’après le discours foudroyant de Robespierre dont il semble que le talent grandisse avec les dangers de la République, et l’impression profonde qu’il avait laissée dans les âmes, il était impossible d’oser élever la voix contre Danton, sans donner, pour ainsi dire, une quittance publique des guinées de Pitt. Robespierre, les oisifs que la curiosité avait amenés hier à la séance des jacobins, et qui ne cherchaient qu’un orateur et un spectacle, en sont sortis ne regrettant plus ces grands acteurs de la tribune, Barnave et Mirabeau, dont tu fais oublier souvent le talent de la parole. Mais la seule louange digne de ton cœur, est celle que t’ont donnée