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pourtant que les précurseurs éloignés des motions liberticides que tu préparais toi et tes complices, tu t’es empressé de prévenir Basire et Chabot, et de les perdre, avant que tu ne fusses perdu par eux ? Crois-tu qu’on ne m’a pas raconté qu’en 1790 et 1791, tu as persécuté Marat ? Tu as écrit pour les aristocrates ; tu ne le pourras nier, tu serais confondu par les témoins. Crois-tu enfin que je ne sache pas positivement que tu as trafiqué de la liberté des citoyens, et que je ne me souvienne pas de ce qu’un de mes collègues a dit à moi et à plus de vingt députés, que tu avais reçu une forte somme pour l’élargissement, je ne sais pas bien si c’était d’un émigré ou d’un prisonnier, et que depuis, une personne, témoin de ta vénalité, t’avait menacé de la révéler, si tu t’avisais de maltraiter encore Chabot dans tes feuilles, fait que le représentant du peuple Chaudron Rousseau nous a même assuré qu’il allait déposer au comité de surveillance ? Ce sont là des faits autrement graves que ceux que tu m’imputes.

Regarde ta vie, depuis le temps où tu étais un respectable frater à qui un médecin de notre connaissance faisait faire des saignées pour douze sous, jusqu’à ce moment où, devenu notre médecin politique, et le docteur Sangrado du peuple français, tu lui ordonnes des saignées si copieuses, moyennant cent vingt mille livres de traitement que te donne