Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/492

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 102 —

temps de ce qu’il possède, tandis que la liberté ne peut manquer d’éveiller l’industrie, et de porter les nations au plus haut degré de prospérité et de fortune publique où leur population leur permet d’atteindre ; témoins Tyr, Carthage, Athènes, Syracuse, Rhodes, Londres, Amsterdam. » Et comme la théorie de la liberté, plus parfaite chez nous que chez ces différents peuples, présage à Pitt, pour la France, le dernier degré de prospérité nationale, et montre dans l’avenir au fils de Chatam notre patrie, que son père avait si fort en horreur, faisant, par son commerce, ses arts et sa splendeur future, le désespoir des autres nations, c’est par cette seule raison, n’en doutons pas, que la jalouse Angleterre nous fait cette guerre atroce. Qu’importerait à Pitt, en effet, que la France fût libre, si sa liberté ne servait qu’à nous ramener à l’ignorance des vieux Gaulois, à leurs sayes, leurs brayes, leur gui de chêne et leurs maisons qui n’étaient que des échoppes en terre glaise ?

Loin d’en gémir, il me semble que Pitt donnerait bien des guinées pour qu’une telle liberté s’établit chez nous. Mais ce qui rendrait furieux le gouvernement anglais, c’est si l’on disait de la France ce que disait Dicéarque de l’Attique : « Nulle part au monde on ne peut vivre plus agréablement qu’à Athènes, soit qu’on ait de l’argent, soit qu’on n’en ait point. Ceux qui se sont mis à l’aise, par le commerce