Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/493

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 103 —

ou leur industrie, peuvent s’y procurer tous les agréments imaginables ; et quant à ceux qui cherchent à le devenir, il y a tant d’ateliers où ils gagnent de quoi se divertir aux Antestheries[1] et mettre encore quelque chose de côté, qu’il n’y a pas moyen de se plaindre de sa pauvreté sans se faire à soi-même un reproche de sa paresse. » Je crois que la liberté ne consiste point dans une égalité de privations, et que le plus bel éloge de la Convention serait, si elle pouvait se rendre ce témoignage : « J’ai trouvé la nation sans culottes, et je la laisse culottée. »

Ceux qui, par un reste de bienveillance pour moi, et ce vieil intérêt qu’ils conservent au procureur général de la Lanterne, expliquent ce qu’ils appellent mon apostasie, en prétendant que j’ai été influencé, et en mettant les iniquités de mes numéros III et IV sur le dos de Fabre d’Églantine et Philippeaux, qui ont bien assez de leur responsabilité personnelle, je les remercie de ce que cette excuse a d’obligeant ; mais ceux-là montrent bien qu’ils ne connaissent point l’indépendance indomptée de ma plume qui n’appartient qu’à la Ré-

  1. On appelait ainsi les fêtes consacrées à Bacchus, c’étaient les Sans-Culottides d’Athènes ; leur institution était moins morale, moins belle. Elles ne duraient que trois jours ; savoir, la fête des Tonneaux, et celle des Coupes et des Marmites.
    (Note de Desmoulins.)