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le bâton et la besace. Qu’on lise, dans ma Lanterne aux Parisiens, comme je relançais ce prophète de malheur qui défigurait ma république, et quelle prophétie bien différente j’opposai à ce Mathan de l’aristocratie. « Comment ! m’écriais-je, plus de Palais-Royal ! plus d’Opéra ! plus de Méot ! c’est là l’abomination de la désolation prédite par le prophète Daniel ; c’est une véritable contre-révolution ! »

Et je m’étudiais au contraire à offrir des peintures riantes de la révolution, et à en faire attendre à la France bien d’autres effets dont je me faisais presque caution. Et les jacobins et les cordeliers m’applaudissaient. Et c’est par ces tableaux que, missionnaire de la Révolution et de la République, je m’insinuais dans l’esprit de mes auditeurs, que je partageais les égoïstes, c’est-à-dire, tous les hommes, d’après la maxime incontestable de J.-J. Rousseau, que j’ai soulignée tout à l’heure, que j’en baptisais un grand nombre, et que je les ramenais au giron de l’église des jacobins. Non, il ne peut y avoir que les trois cents commis de Bouchotte, qui, pensant qu’il était de leur honneur de venger la petite piqûre que j’avais faite à l’amour-propre du ministre de la guerre, au lieu de se récuser, comme la délicatesse la demandait, se soient levés pour m’excommunier et me faire rayer des jacobins. Quoique cet arrêté ait été rapporté dans la séance, après une oraison de Robespierre, qui a duré une