Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/502

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si tu te mets en évidence ; si tu ne fais aucune attention à ceux qui t’environnent, je te refuse le nom de sage. L’âme vertueuse de Caton répugnait à cette maxime : aussi, en poussant le jansénisme de républicain plus loin que les temps ne le permettaient, ne contribua-t-il pas peu à accélérer le renversement de la liberté ; comme lorsqu’en réprimant les exactions des chevaliers, il tourna les espérances de leur cupidité du côté de César. Mais Caton avait la manie d’agir plutôt en stoïcien dans la république de Platon, qu’en sénateur qui

    Après avoir, lui aussi, traîné, tremblé et langui, il sentait comme Samson que les cheveux lui repoussaient. Non content d’avoir, des deux pieds, écrasé les Philistins, je veux dire les hébertisies, il allait, poussé d’une force inconnue, secouer les colonnes du temple et la réputation de Robespierre. L’affaire de Fabre avait percé le cœur de Camille ; elle le détacha de son maître. L’amitié pouvait seule l’émanciper de l’amitié. On l’a vu aux premiers mots du numéro VI. Qui ne voyait, à ce moment, le danger du grand artiste ?… Et cependant l’audacieux numéro VII regarde au visage et décrit ceux que personne n’osait plus regarder en face, les redoutables membres du Comité de sûreté générale… Une certaine comparaison d’Octave et d’Antoine semble une allusion cruelle à Robespierre et à Danton. Le libraire de Desmoulins, Desenne, recula d’épouvante, quand il lut en épreuves ces lignes terribles : Suite du Credo politique. Il se crut mort, déclara qu’il hasarderait d’imprimer tout ce qui était antihébertiste, mais que tout passage contre Robespierre devait disparaître. L’ardent et fougueux écrivain, arrêté dans son élan, se débattit, disputa. Les épreuves allaient et venaient ; on les lisait au passage, les amis en parlaient tout bas. Les ennemis en surprirent-ils quelques passages, c’est pro-