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leure de ces deux constitutions. Maintenant la plus forte, la seule satire à faire du gouvernement anglais, c’est le bonheur du peuple ; c’est la gloire, c’est la fortune de la République française. N’allons pas, ridicules athlètes, au lieu de nous exercer et de nous frotter d’huile, panser les plaies de notre antagoniste. C’est nous-mêmes qu’il faut guérir, et pour cela il faut connaître nos maux ; il faut avoir le courage de les dire. Sais-tu que tout ce préambule de ton numéro VII, ces circonlocutions, ces précautions oratoires, tout cela est fort peu jacobin ? À quoi reconnaît-on le vrai républicain, je te prie, le véritable cordelier ? C’est à sa vertueuse indignation contre les traîtres et les coquins, c’est à l’âpreté de sa censure. Ce qui caractérise le républicain, ce n’est point le siècle, le gouvernement dans lequel il vit, c’est la franchise du langage. Montausier était un républicain dans l’Œil-de-Bœuf. Molière, dans le Misanthrope, a peint en traits sublimes les caractères du républicain et du royaliste. Alceste est un jacobin, Philinte, un feuillant achevé. Ce qui m’indigne, c’est que, dans la République, je ne vois presque pas de républicains. Est-ce donc le nom qu’on donne au gouvernement qui en constitue la nature ? En ce cas, la Hollande, Venise, sont aussi des républiques ; l’Angleterre fut aussi une république, pendant tout le protectorat de Cromwell qui régissait sa république