Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/85

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quarante mille hommes effectifs, poursuivi et enveloppé par une armée victorieuse de cent dix mille hommes ; la Belgique, la Hollande, la Savoie, l'Angleterre, l'Irlande, une grande

Sartie de l'Allemagne, s'avancant au-devant e la liberté, et faisant publiquement des voeux pour nos succès : tel était l'état des choses à l'ouverture de la Convention. La république française à créer, l'Europe à désorganiser, peut-être à purger de ses tyrans par l'éruption des principes volcaniques de l'égalité ; Paris moins un département que la ville hospitalière et commune de tous les citoyens des départements, dont elle est mêlée et dont se compose sa population ; Paris qui ne subsistait que de la monarchie et qui avait fait la République, à soutenir, en le plaçant entre les Bouches du Rhin et les Bouches du Rhône, en y appelant le commerce maritime par un canal et un port ; la liberté, la démocratie à venger de ses calomniateurs par ia prospérité de la France, par ses lois, ses arts, ton commerce, son industrie affranchie de toutes les entraves et prenant un essor qui étonnât l'Angleterre, en un mot, par l'exemple du bonheur public ; enfin le peuple qui, jusqu'à nos jours, n'avait été compté pour rien, le peuple que Platon lui-même, dans sa république, tout imaginaire qu'elle fût, avait dévoué à la servitude, à rétablir dans ses droits primitifs eta rappeler à l'égalité ; telle était la vocation sublime des députés de la Convention. Quelle âme froide et rétrécie pouvait ne pas s'échauffer et s'agrandir en contemplant ces hautes destinées ?