Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 82 —

L'histoire aujourd'hui sait à quoi s'en tenir sur ces incroyables accusations. Quelque jugement qu elle porte sur chacun de ces divers partis, dont l'immolation successive marqua par de sanglantes étapes le chemin de l'abîme où la révolution devait s'engloutir, elle sait que, précisément sur ce point, tous étaient innocents, et au milieu des sévérités diverses qu'elle doit infliger à leur mémoire, au moins est-elle contrainte de les absoudre relativement au fait qui motiva leur condamnation 1 .

Camille ne tarda pas à reconnaître lui-même l'absurdité de ses accusations, et se les reproche amèrement. Vilatte a raconté ceci : Lors du procès des Girondins, Camille, qui y

  • Il faut dire qu'en fait de suppositions insensées les Girondins avaient l'avance sur leurs adversaires. Le fameux discours de Louvet contre Robespierre en 1792 est un monument achevé en ce genre. Voir également dans les Mémoires de Garât (p. 100 de l'édition de M. Eug. Maron) le plan à lui exposé par le girondin de Salles, plan excessivement machiavélique formé, selon de Salles, par Danton pour arriver à se faire proclamer roi (pas moins) -. « Voilà leur plan, n'en doutez pas ; à force d'y rêver, je l'ai trouvé ; tout le prouve et le rend évident. Voyez comme toutes les circonstances se lient et se tiennent. » Et quand Garât stupéfait, consterné de tant de crédulité, lui demande : « Mais, dites-moi, y en a-t-il beaucoup parmi vous qui pensent comme vous sur tout cela ? — Tous, ou presque tous. » Salles convient pourtant que Condorcet n'est pas convaincu et lui a fait quelquefois des objections. Cela serait ïisible, mais c'est navrant, quand on songe 3u résultat.