Page:Oeuvres de madame Olympe de Gouges.pdf/470

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contre la fauſſeté ; mais ſi vous me connoiſſiez parfaitement, vous n’en ſeriez pas ſurpris ; vous ſauriez tous les ſacrifices que j’ai faits. Je puis faire exception à la règle. Peut-être ſans prévention de ma part, & ſans inculper mon ſexe, moi ſeule je me ſuis montrée telle que j’étois : je puis m’en vanter, puiſqu’il m’en a coûté ma fortune, mon repos & ma [1] réputation. Dans peu de tems je mettrai au jour mon Roman avec le portrait de mon caractère. Malheur à ceux qui ne gagneront pas dans mes aveux : je n’ai jamais connu la contrainte ; je n’ai jamais ſçu m’aveugler en ma faveur, & ſi je ne me fais point grace, comment pourrai-je la faire aux méchans que j’ai rencontrés ſur mes pas.

Je n’entends pas en cela adreſſer directement à M… C… de B… ces dernières paroles. Il y auroit peu de généroſité à moi de l’attaquer dans les circonſtances malheureuſes où il ſe trouve, ſi je ne le croyais pas en état de répondre à un million d’attaques de ce genre ; & s’il ne m’a pas mis à même de m’applaudir de ſon honnêteté, & de dire tout le bien que mérite un homme de ſon génie. Douée d’une autre façon de penſer, je n’avouerai pas moins que perſonne ne mérite mieux que M… C… de B… le titre de Créateur dans la carrière Dramatique ; il s’eſt fait un genre à lui qui

  1. L’eſprit françois a le talent d’altérer les choſes, & de jouer ſur les mots les plus ſimples ; il eſt néceſſaire que je m’explique. Je crois que ma conduite a été régulière pour ne pas perdre ma réputation ; mais ceux qui ne ſont jamais contens de perſonne, m’ont decriée. On m’a fait paſſer pour la femme la plus ridicule ; & Dieu ſait ſur quels fondemens.