Page:Ohnet - L’Âme de Pierre, Ollendorff, 1890.djvu/154

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qui avaient stérilisé le talent de Pierre Laurier, abaissé son caractère, détruit son courage, et fait, du merveilleux artiste, l’impuissant qui demandait à la mort l’oubli de son brillant passé.

Clémence, d’autant plus dangereuse qu’elle était sincère, aimait comme elle croyait n’avoir jamais aimé. Elle trouva, dans ce joli blond, un peu efféminé, l’amant délicat et charmant rêvé par sa beauté brune. Elle le domina complètement, s’empara de lui, au point qu’il n’avait plus une pensée qui ne fût sienne, plus un désir qui ne fût inspiré par elle. Ce fût l’envoûtement complet, qui fait passer l’amour dans la moelle des os, dans les fibres du coeur, dans