Page:Olympe de Gouges - Lettre a Monseigneur le duc d'Orleans premier prince du sang, 1789.djvu/8

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P. S. Quelle est l’utilité de ces assemblées publiques ?… Quel est le bien que l’on peut attendre de la fermentation du Palais Royal ?… Quels sont les Orateurs qui, en instruisant le peuple leur enseignent une bonne & utile morale ?… Cet assemblage confus, ce peu de respect pour le lieu, pour les personnes sacrées, ne peut qu’éloigner le peuple de son devoir, & l’autoriser à tout entreprendre, sans connoître l’importance de ses fausses démarches : on l’expose à abandonner ses travaux, sa misere s’augmente avec l’oisiveté, on l’accoutume à mendier ; mais lorsque les honnêtes Citoyens seront fatigués de donner à des hommes qui peuvent suivre une active industrie, & que leurs moyens ne leur permettront plus d’écouter leurs générosité, que feront-ils, ces hommes forts & robustes ?… Je le demande aux Sages, aux bons Citoyens qui frémissent déjà de cette indépendance.

À quoi ressemblent toutes ces députations vagabondes qui arrivent à toutes heures aux États-Généraux ?… Quelle loi les autorise ?… Quelle police permet ces chaires publiques ? & si l’on n’en arrête pas la licence, peut-on ne pas en craindre les inconvénients ?

Je suis ennemi des abus, je sens, comme tous bons citoyens, le malheur d’être perpétuellement sous un joug tyrannique : mais lorsqu’un jour serein vient enfin flatter notre espoir, pourquoi en troubler le cours au moment même de voir nos vœux se réaliser.