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DE L’IMMORTALITÉ DE L’AME

Le Noé babylonien, Xisuthrus, était enlevé pour une vie éternelle sans passer par la mort (A) [1] ; d’autres indications de même espèce se trouvent dans les textes, où le séjour des vivants est distingué de celui des morts ; ce dernier se nomme le pays d’Arallu. Dans l’idée des Assyriens cette localité se trouve dans le pays du nord, la plage de la disparition du soleil. Ce pays d’Arallu est en même temps la terre de l’or, et il est fort probable que le nom du lac d’Aral soit un reste de cette ancienne dénomination assyrienne [2].

Un texte curieux donne le récit de la descente de la déesse Istar (l’Astarté des Chaldéens), vers le pays des morts, Istar obéit à l’injonction de voir son fils Turzi, détenu dans l’Enfer.

Cette dernière divinité qu’on a traduit, selon nous, à tort par Fils de la vie, signifie plutôt le Dieu Rejeton [3], on l’a comparé à Thammuz ou à Adonis, et il est possible qu’un lien existe entre ces différentes conceptions mythologiques.

Le nom de la déesse lstar se trouve dans les mythologies de toutes les nations sémitiques ; la divinité syrienne d’Astarté est trop connue pour que nous insistions sur ce point. On retrouve ce nom chez les Himyarites et chez les Assyriens. Dans ce pays, comme aussi en Phénicie, il a été généralisé ; car tous les dieux sont des Baal ou des Bel et toutes les déesses des Astarté et des Istar. L’usage biblique a consacré cette idée et nous lisons ainsi dans les Juges : « Ils servirent les Baals et les Astharoth [4], » le sens est « les faux dieux et les fausses déesses ; » cela ne veut pas dire « les images de Baal et d’Astarte » comme les interprètes de la Bible l’ont souvent rendu [5]. Le mot a été choisi par l’écrivain sacré pour rendre plus

  1. Il faut se souvenir ici que dans la Bible Elie est enlevé au ciel sur un char de feu, l’an 896 avant J.-G. (IV Rois, II, 1-3). On ne sait à quelle époque placer le récit de l’enlèvement de Xisuthrus. Ceci pourrait servir de point de repère. (Bonnetty.)
  2. Selon les anciens, le pays hyperboréen était riche en or (voir Hérodote IV, c. 104).
  3. Voir B. M. II. 36, 54. « La mère du Dieu Rejeton » v. ib. 59. 9.
  4. Juges, x, 6.
  5. Voyez mon commentaire de la grande inscription du palais de Khorsabad, p. 240.