Page:Opuscules philosophiques et littéraires. La plupart posthumes ou inédites.djvu/34

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nous trompe pas, quoiqu’elle ne nous fasse pas voir de la manière dont il faut que nous les voyions pour notre utilité. Quelle est la raison pour laquelle je ris plus que personne aux marionnettes, si ce n’est parce que je me prête plus que personne à l’illusion, et qu’au bout d’un quart-d’heure je crois que c’est Polichinelle qui parle ? Auroit-on un moment de plaisir à la comédie, si on ne se prêtoit à l’illusion qui vous fait voir des personnages morts depuis long-tems et qui les fait parler en vers alexandrins ? Mais quel plaisir auroit-on à un autre spectacle où tout est illusion, si on ne savoit pas s’y prêter ? Assurément il y auroit bien à perdre, et ceux qui n’ont à l’Opéra que le plaisir de la musique et des danses, y ont un plaisir bien décharné et bien au-dessous de celui que donne l’ensemble de ce spectacle enchanteur. J’ai cité les spectacles, parce que l’illusion y est plus aisée à sentir ; elle se mêle à tous les plaisirs de notre vie, et elle en est le vernis. On ne dira que trop vrai, jusqu’à un certain point : on ne peut se donner des illu-