Page:Opuscules philosophiques et littéraires. La plupart posthumes ou inédites.djvu/53

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vifs et agréables ; pourquoi donc s’interdire les plus vifs et les plus agréables de tous ? Mais ce qu’on a éprouvé, les réflexions qu’on a été obligé de faire pour amener, son cœur à cette apathie, la peine même qu’on a eue de l’y réduire, doit faire craindre de quitter un état qui n’est pas malheureux, pour essuyer des malheurs que l’âge et la perte de la beauté rendroient inévitables. Belles réflexions, me dira-t-on, et bien utiles ! Vous verrez de quoi elles vous serviront, si vous avez jamais du goût pour quelqu’un qui devienne amoureux de vous ; mais je crois qu’on se trompe, si on croit que ces réflexions soient inutiles. Les passions, passé trente ans, ne nous emportent plus avec la même impétuosité. Croyez que l’on résisteroit à son goût si on le vouloit bien fortement, et qu’on fut bien persuadé qu’il fera notre malheur. On n’y cède que parce qu’on n’est pas bien convaincu de la sûreté de ces maximes, et qu’on espère encore d’être heureux ; et on a raison de se le persuader. Pourquoi s’interdire l’es-