Page:Oraison funèbre de très haute et puissante Dame, Madame Justine Pâris, 1884.djvu/20

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maîtresse de cet établissement qu’elle accrut en commodités, en plaisirs et en renom. Elle jouissait de la confiance des libertins de tous les rangs ; elle savait s’insinuer, chez les femmes comme il faut, gagner leur confiance, et presque toujours les rendre dociles à ses propositions. Ses talents d’entremetteuse lui avaient procuré la connaissance et la protection des personnes les plus distinguées de la cour et de la ville, de magistrats, d’évêques et même de princes du sang. Aussi, lors d’un singulier procès que lui avait occasionné son état d’appareilleuse, cette protection la sauva du danger, car son talent spécial la faisait regretter de tous ces illustres personnages. Il est impossible de comprendre, de quelle ressource, cette habile maquerelle était, pour ces puissants et luxurieux seigneurs.

La Gourdan se retira vers 178.. dans une très-belle terre acquise par elle, et y vécut en dame de paroisse. Elle mourut d’une décomposition du sang, sans agonie, avec une grande fermeté d’âme.

Un an avant sa mort elle avait commandé sa tombe, avec une épitaphe de sa composition, que voici :

Ci gît qui vécut en sage,
Et mourut comme Madeleine.

Un commentaire de son auteur sur cette épitaphe ne serait pas inutile à sa complète intelligence.

S. de P***.