Page:Oraison funèbre de très haute et puissante Dame, Madame Justine Pâris, 1884.djvu/24

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Il est dans la bonne ville de Paris, dans cette capitale de la noble France, un temple consacré à Vénus, école des talents, du goût et des plaisirs, où de jeunes prêtresses sont formées aux arts aimables qui peuvent émouvoir les sens et les séduire.

Les unes charment l’oreille en célébrant les louanges de leur déesse ; d’autres par des danses passionnées, en rappellent les aventures, en peignent les situations les plus voluptueuses ; toutes s’efforcent à l’envi d’allumer dans tous les cœurs ce beau feu, âme de l’univers, qui tour à tour le consume et le reproduit.

Le mérite naissant de Justine la fit admettre dans cet aimable séminaire.

Elle y perfectionna ses dispositions précoces au plaisir ; elle ne tarda pas à trouver l’occasion de les faire valoir et de les développer avec éclat.

Le Turc était venu dans ce temps à Paris rendre hommage à la puissance du Roi.

Vous connaissez le renom de cette nation de Mustapha, mes chères filles, et, s’il n’est aucune de vous qui ait reçu les embrassements de quelqu’un de ces étrangers, si vous ne savez, par expérience, quels héros ce sont dans les champs de Vénus, ce n’est pas que vous n’ayez entendu parler souvent de leurs exploits.

Ce temple même, ce sérail qui emprunte son nom d’eux, vous retrace l’image de leur valeur : il atteste quels sectateurs ardents ils sont de la divinité que nous adorons toutes.

Mehemet Effendi, ambassadeur de la Sublime Porte, excellait par dessus tous ses compatriotes :