Page:Oraison funèbre de très haute et puissante Dame, Madame Justine Pâris, 1884.djvu/36

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quas de l’univers entier, s’en servait ainsi, m’assura-t-on, dans le premier cas. Par des injections qu’elle faisait à une courtisanne qui se présentait chez elle, elle jugeait d’abord si elle n’était point saine, à des convulsions volontaires que la Nymphe éprouvait sur le champ.

D’autres fois, par une expérience plus sûre encore, elle en donnait en boisson, et, dans les vingt-quatre heures, les symptômes les plus caractérisés se développaient sur une beauté fraîche paraissant jouir de la meilleure santé.

Dans le troisième cas, enfin, elle n’avait pas d’autre recette, celle-ci étant la plus commode, la plus courte et la moins dispendieuse. Au moyen de cette utilité variée, elle faisait grand cas de l’inventeur scélérat du spécifique, et avait avec lui une intimité très étroite. Cependant le Docteur a été en procès avec la Maqua à l’occasion de son infernale découverte.

Du cabinet des bains, on passait dans le Cabinet de Toilette, où les élèves de ce recommandable Séminaire de Vénus recevaient leur seconde préparation.

Je ne t’y retiendrai pas longtemps, frère Eustache ; tu as sûrement assisté quelquefois à cet exercice journalier des femmes, et je ne t’apprendrais rien de nouveau. Imagine-toi seulement ce séjour garni de tout ce qui peut contribuer à rendre une Nymphe neuve et séduisante.

La salle de bal suivait après, et quoiqu’elle ne servit point à danser, elle n’était pas mal nommée, parce qu’en effet c’était là précisément où chaque fille, femme ou veuve recevait son déguisement convenable ; où la paysanne était métamorphosée en bour-