Page:Oraison funèbre de très haute et puissante Dame, Madame Justine Pâris, 1884.djvu/40

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Ces pastilles étaient étiquetées : Pastilles à la Richelieu.

J’en demandai la raison. Mon conducteur répondit : que ce mémorable Maréchal de France en avait fait beaucoup d’usage, non pour lui, mais pour se rendre favorables les femmes dont il avait la fantaisie et qu’il avait trouvées rebelles : qu’en leur faisant manger de ces bonbons, il les avait toutes réduites : qu’ils avaient une efficacité telle, qu’ils excitaient le tempérament des plus vertueuses, et les rendaient folles d’amour pendant quelques heures.

Je témoignai à mon digne conducteur mon dégoût d’un secret qui, humiliant, avilissant l’amour-propre même du vainqueur, devait être pernicieux à la victime, et d’ailleurs la faire périr de douleur et de rage, revenue à son sang-froid.

Mon louable conducteur me raconta à cette occasion plusieurs scélératesses, d’un certain Comte de Sade, ce gentilhomme si renommé pour ses horreurs contre les femmes, horreurs qui, étant restées impunies, l’ont autorisé à en commettre de nouvelles. Vous connaissez comme moi la triste célébrité qui s’attache au nom de cet atroce marquis de Sade, gentilhomme Welche ou plutôt Cannibale. Par la honteuse impunité dont on le laisse indignement jouir, en le soustrayant sans cesse, à la vindicte des lois, on doit avouer que dans le superbe pays des Welches, tout scélérat du Royaume, tout bandit de la Capitale, tout roué de la cour en est quitte pour l’exil ou la prison. Voici, entre mille, une des prouesses infâmes, de cet exécrable débauché.

Ce Cannibale de Sade, donnant, il y a quel-