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CARTHON

au milieu, comme une colonne de feu ; une larme tremblait dans son œil, car il pensait à la chute de Balclutha. Tout l’orgueil de son âme se réveille : il jette un regard oblique sur la colline où nos héros brillaient sous leurs armes ; sa lance tremble dans sa main. Se penchant en avant, il semblait menacer le roi.

Irai-je de suite, dit Fingal en lui-même, irai-je à la rencontre de ce jeune guerrier ? l’arrêterai-je au milieu de sa course, avant que sa gloire s’élève ? Mais en voyant sa tombe, le barde dirait un jour : il fallait que Fingal vînt avec ses mille guerriers pour que le noble Carthon succombât. Non, barde des temps à venir, tu ne ravaleras point la gloire de Fingal ! mes héros combattront le jeune guerrier, et Fingal contemplera la lutte. S’il triomphe, je m’élance dans ma force, comme le torrent rugissant de Cona : — Lequel de mes chefs veut affronter le fils de l’Océan ? Ses guerriers sont en grand nombre sur la côte ; redoutable est sa lance de frêne ! »

Cathul, le fils du puissant Lormar, se lève dans sa force ; trois cents jeunes guerriers, les fils de ses torrents, accompagnent ce chef ; mais faible fut son bras contre Carthon : il tomba et ses héros s’enfuirent. Connal reprit le combat, mais il rompit sa lourde lance ; il est terrassé et enchaîné sur la plaine : Carthon poursuit ses guerriers.

« Clessammor, dit le roi de Morven, où est la lance de ta force ? verras-tu Connal enchaîné, Connal, ton ami, sur les rives du Lora ? Lève-toi dans la lumière de ton acier, compagnon du vaillant Comhal ! Que le jeune guerrier de Balclutha sente la force de la race de Morven ! » — Il se lève dans la force de ses armes, secoue ses boucles grises, ajuste l’armure à son flanc et s’élance dans l’orgueil de la valeur.

Carthon, debout sur un rocher, vit s’élancer le