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CARTHON

semblaient à une forêt silencieuse qui lève sa tête sur le Gormal, quand les vents bruyants se taisent et que la sombre automne est sur la plaine.

Trois jours ils pleurèrent Carthon ; le quatrième son père mourut. Ils reposent dans l’étroite plaine du rocher : un fantôme obscur défend leur tombe. On y voit souvent la belle Moina quand le rayon du soleil darde sur le rocher et que tout est sombre à l’entour. On l’y voit, ô Malvina, mais non semblable aux filles de nos collines. Ses vêtements sont d’une terre étrangère et toujours elle est seule !

Fingal fut triste pour Carthon : il recommanda à ses bardes, quand revenait la brumeuse automne, de célébrer le jour de sa mort ; et souvent ils célèbrent ce jour en chantant les louanges du héros.

« Quel est celui qui descend des vagues rugissantés de l’Océan, sombre comme le lourd nuage de l’automne ? La mort tremble dans sa main, ses yeux sont des flammes ! Qui rugit le long de la sombre bruyère de Lora ? qui ? si ce n’est Carthon, le roi des épées ! Les héros tombent devant lui ! Voyez comme il marche à grands pas, pareil au lugubre fantôme de Morven. Mais il est là, couché, le chêne superbe qu’un vent soudain a renversé ! Quand te relèveras-tu, joie de Balclutha, ô Carthon ! quand te relèveras-tu ? Quel est celui qui descend des vagues rugissantes de l’Océan, sombre comme le lourd nuage de l’automne ? »

Telles étaient les paroles des bardes au jour de leur douleur : Ossian mêlait souvent sa voix à la leur et ajoutait à leur chant. Mon âme a été pleine de deuil pour Carthon ! Il tomba dans les jours de sa jeunesse. Et toi, Clessammor, où est ta demeure dans l’air ? Le jeune héros a-t-il oublié sa blessure ? Vole-t-il sur les nuages avec toi ? Je sens le soleil, ô Malvina ; laisse-moi seul à mon repos ; peut-être viendront-ils visiter mes rêves. Je crois entendre