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OINA-MORUL

les et non les coupes joyeuses. Viens à ma demeure, fils de héros ! la nuit au noir manteau approche : viens entendre la voix mélodieuse de la vierge de Fuarfed. »

Nous vînmes. Sur la harpe errèrent les blanches mains de Oina-morul. Elle fit chanter sa triste histoire à chaque corde tremblante. Je gardais le silence, car brillante sous ses boucles était la fille des îles ; ses yeux étaient deux étoiles qui regardent à travers un voile de pluie : le marin les contemple dans le ciel et bénit leurs rayons charmants. Avec le jour, nous nous élançâmes au combat sur la rive retentissante du Tormul. L’ennemi avançait aux sons du bouclier de Ton-thormod. D’une aile à l’autre la lutte s’engagea. J’en vins aux mains avec Ton-thormod. Son bouclier brisé vole en éclats. Je le saisis, et les bras fortement liés, je le livre à Malorchol, l’hôte des coupes. La joie éclata au festin de Fuarfed, car l’ennemi avait succombé. Ton-thormod détournait son visage de Oina-morul des îles.

« Fils de Fingal, me dit Mal-orchol, tu ne partiras point oublié de moi. Dans ton navire habitera une lumière, Oina-Morul aux yeux doux et lents. Elle allumera la joie dans ton âme puissante, et sans être remarquée dans Selma, cette vierge ne passera point dans la demeure des rois.

Dans le palais je me couchai la nuit. Mes yeux étaient à demi fermés par le sommeil. À mon oreille vint une musique douce, semblable au lever de la brise, qui d’abord balance la barbe du chardon et fait ensuite ondoyer les herbes. C’était la fille de la sauvage Fuarfed. Elle faisait entendre son chant nocturne : elle savait que mon âme est un torrent qui coule aux sons mélodieux.

« Quel est, disait-elle, ce guerrier qui regarde du haut de son rocher les brouillards qui environnent l’océan ? Ses longues boucles, semblables à l’aile du