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OITHONA

le fils de Morni, celui qui était si beau aux yeux d’Oithona ? Gaul repose-t-il sur le rucher éloigné, quand la fille de Nuath s’affaisse sous son désespoir ? La mer roule autour de l’île sombre de Tromathon ; là je m’assieds tout en larmes dans une caverne ; mais je n’y suis pas seule, ô Gaul, le sombre roi de Cuthal est avec moi ! il y est dans la fureur de son amour ! Que peut faire Oithona ?

Un vent plus violent passe à travers le chêne, et le rêve de la nuit s’envole. Gaul prend sa lance de frêne, et debout dans la rage de son âme, il tourne sans cesse les yeux vers l’Orient. Il accuse la tardive lumière ! Enfin le jour paraît, et le héros déploie les voiles. Les brises en frémissant descendent de la colline : il bondit sur les vagues de l’abîme. Le troisième jour Tromathon se lève, comme un bouclier bleu, du milieu de la mer. La vague blanchissante rugissait contre les rochers, et sur la côte était assise la triste Oithona. Elle regardait rouler les flots et ses larmes descendaient. Mais quand elle vit Gaul dans ses armes, elle tressaillit et détourna les yeux. Sa belle joue rougit et se penche, ses bras blancs tremblent à ses côtés. Trois fois elle cherche à fuir de sa présence, trois fois ses pieds se dérobent sous elle !

Fille de Nuath, dit le héros, pourquoi donc fuis-tu Gaul ? Mes yeux lancent-ils la flamme de la mort ? La haine assombrit-elle mon âme ? Tu es pour moi le rayon de l’Orient se levant sur une terre inconnue. Mais ton visage se couvre de tristesse, ô fille de Nuath ! L’ennemi d’Oithona est-il près de ces lieux ? Mon âme brûle de le joindre au combat. L’épée frémit au côté de Gaul, car il lui tarde de briller dans sa main. Parle, fille de Nuath ! Ne vois-tu pas mes larmes ?

Jeune chef de Strumon, répondit-elle, pourquoi sur la vague sombre et bleue viens-tu vers la triste