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OITHONA

vint, et j’étais assise dans le palais à la clarté d’un chêne. Les vents étaient dans les arbres. J’entendis le bruit des armes. La joie se leva sur mon visage : je rêvais ton retour. C’était le chef aux cheveux roux de Cuthal, la force de Dunrommath. Ses yeux roulaient dans le feu ; le sang de mon peuple était sur son épée. Ceux qui défendirent Oithona, tombèrent sous la main de ce chef farouche. Que pouvais-je faire ? Mon bras était faible et je ne pouvais lever la lance ! Il m’enleva dans ma tristesse et malgré mes larmes il déploya les voiles. Il craignait le retour de Lathmon, le frère de l’infortunée Oithona. — Mais, le voici ! il vient avec son peuple ! La vague sombre se sépare devant lui ! Où tourneras-tu tes pas, fils de Morni ? Nombreux sont les guerriers de ton ennemi ! »

« Mes pas jamais ne se sont détournés du combat ! Gaul dit et tira son épée. Commencerai-je à connaître la peur quand tes ennemis s’approchent ! Retire-toi à ta caverne, mon amour, jusqu’à ce que le combat ait cessé sur la plaine. Fils de Leth, apporte les arcs de nos pères, le sonore carquois de Morni ! que nos trois guerriers bandent l’arc, et nous-mêmes, levons la lance ! Ils sont une armée sur le rocher ! Mais dans la guerre nos âmes sont intrépides ! »

Oithona se retire dans la caverne. Une joie sombre se lève sur son esprit, comme le rouge sillon des éclairs sur un nuage orageux. Son âme est résolue : les pleurs tarissent dans son œil aux sauvages regards. Dunrommath s’approcha lentement ; il vit le fils de Morni. Le mépris contractait son visage ; un sourire est sur sa joue brune et ses yeux rouges roulent à moitié cachés sous ses épais sourcils.

« D’où viennent les fils de la mer ? commença le chef farouche. Les vents vous ont-ils poussés sur les rochers de Tromathon, ou venez-vous chercher la jeune fille aux blanches mains ? Hommes faibles,