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DE L’AUTHENTICITÉ


DES POÈMES D’OSSIAN.


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James Macpherson est-il l’auteur des poésies d’Ossian, ou n’est-il simplement que le traducteur, l’habile et poétique compilateur des chants d’un barde du troisième siècle ?[1]

  1. La plus grande partie de l’Europe était anciennement habitée par les tribus celtiques ; principalement l’Allemagne, la France, l’Espagne, la Grande-Bretagne. Mais on trouve aussi des traces de leur passage dans la Grèce, l’Illyrie et l’Italie. Leur langue, qui se parle encore dans des contrées séparées par des distances immenses, est le seul monument qui nous reste de ces peuples ; elle atteste leur puissance, l’étendue de leurs possessions, mais ne jette aucune lumière sur leur histoire. Méprisant les lettres, comme indignes de l’attention d’une race guerrière, ils n’avaient d’autres moyens de conserver leurs lois, les préceptes de leur religion, les annales historiques de leur pays, que le secours de la mémoire. Dans la nécessité d’apprendre par cœur, ils ont dû chercher à se faciliter ce travail, en renfermant dans la forme des vers les souvenirs qu’ils voulaient perpétuer. Les poètes qui composaient ces vers étaient nommés bardes, c’est-à-dire, en langue celtique, poète, chanteur, musicien ; car ils composaient, chantaient, et s’accompagnaient de la harpe. Outre leurs propres vers les bardes disaient les poèmes des bardes antérieurs à