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DES POÈMES D’OSSIAN.

tre son jugement, on doit rester dans les réserves du doute. Dès leur apparition les poèmes d’Ossian ont suscité des querelles très-vives : l’authenticité en a été attaquée et défendue avec chaleur ; elle a donné lieu à des dissertations bien savantes, bien longues, qui n’ont servi qu’à compliquer la question au lieu de l’éclaircir. Une fois engagés dans ce labyrinthe de difficultés où Macpherson semble avoir, à dessein, égaré la vérité, critiques et dissertateurs n’ont pu en sortir, faute d’un nouveau fil d’Ariane, fil que Macpherson pourrait seul avoir et qu’il a emporté avec lui dans la tombe. En effet, il a gardé le secret de ce problème littéraire avec une persévérance qu’on ne saurait qualifier et qu’il est encore plus difficile d’expliquer. Tout, dans la conduite qu’il a tenue à cet égard, décèle de la contrainte, une hésitation coupable, quelque chose de double, d’ambigu qui irrite la curiosité, la blesse dans ses justes investigations et tend à ne faire voir en lui qu’un adroit exploitateur de gloire et de fortune[1], intéressé à entourer la question d’un nuage de mystère.

  1. C’est ainsi que le qualifie M. Villemain (Cours de littérature, leçon sur Ossian).