Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/170

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ALPIN.

Mes larmes, ô Ryno, sont pour les morts, ma voix pour ceux qui ne sont plus. Tu es majestueux sur la colline, beau parmi les fils de la vallée. Mais tu tomberas comme Morar et l’affligé s’assiéra sur ta tombe. Les collines ne te connaîtront plus, et dans ta demeure, ton arc restera détendu !

Ô Morar, tu étais léger comme un cerf sur le désert, terrible comme un météore de feu. Ton courroux était semblable à la tempête. Ton épée, dans les combats, était comme l’éclair dans la plaine. Ta voix, c’était un torrent après la pluie ; c’était la foudre sur les monts éloignés. Beaucoup sont tombés sous ton bras ; ils étaient consumés dans les flammes de ta colère. Mais quand tu revenais de la guerre que ton front était paisible ! Ton visage était comme le soleil après la pluie, comme la lune dans le silence de la nuit, calme comme le sein du lac quand le vent s’est apaisé.

Étroite est maintenant ta demeure, et sombre le lieu de ton séjour ! Sous trois pas je mesure ta tombe, ô toi qui fus si grand naguère ! Quatre pierres, avec leurs têtes de mousse, sont ton seul monument. Un arbre où croît à peine une feuille, de longues herbes qui sifflent au vent, indiquent à l’œil du chasseur la tombe du puissant Morar. Morar ! tu es en effet tombé bien bas ! Tu n’as pas de mère pour te pleurer, pas de vierge avec ses larmes d’amour ! Elle est morte celle qui t’a donné le jour, elle est tombée la fille de Morglan.

Qui vient à nous appuyé sur son bâton ? Quel est cet homme dont la tête est blanchie par l’âge, dont les yeux sont rougis par les larmes, et qui chancelle à chaque pas ? C’est ton père ô Morar ! le père d’aucun autre fils. Il entendit parler de ta renommée dans la guerre et de tes ennemis dispersés. Il enten-