Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/171

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dit parler de la gloire de Morar ; que n’a-t-il entendu parler de sa blessure ? Pleure, père de Morar, pleure ! mais ton fils ne t’entend pas. Profond est le sommeil des morts ! bien bas est leur oreiller de poussière ! Il n’entendra plus ta voix, il ne s’éveillera plus à ton appel ! Quand sera-t-il jourdans la tombe pour éveiller celui qui dort ? Adieu, toi le plus brave des liomnies ! Toi le contjuérant dans le champ de bataille ! mais les champs des combats ne te reverront plus, et les sombres forêts ne seront plus éclairés de la splendeur de ton acier ! Tu n’as pas laissé de fils. Les chants conserveront ton nom. Les temps futurs entendront parler de toi ; ils entendront parler de Morar qui n’est plus !

La douleur s’éveilla dans nos âmes, mais le soupir le plus profond partit du sein d’Armin. Il se rappelle la mort de son fils qui tomba aux jours de sa jeunesse. Près du héros était Carmor, le chef de Galmal. Armin, dit-il, pourquoi ce profond soupir ? Est-ce ici qu’il faut pleurer ? Les chants, pour attendrir et charmer l’âme, viennent avec leur mélodie, comme la douce vapeur qui s’élève du sein d’un lac et s’épanche sur la vallée silencieuse ; les vertes fleurs sont remplies de rosée, mais le soleil revient dans sa force, et la vapeur est dissipée. Pourquoi es-tu triste, ô Armin, chef de Gorma qu’environne la mer ? »

ARMIN.

Oui je suis triste ! Légère n’est pas la cause de ma douleur ! Carmor, tu n’as pas perdu de fils, tu n’as pas perdu de fille de beauté ! Le vaillant Colgar vit, et Annira aussi, la plus belle des vierges. Les rameaux de ta maison fleurissent, ô Carmor, mais Armin est le dernier de sa race. Sombre est ta couche, ô Daura, profond ton sommeil dans la tombe ! Quand te réveilleras-tu avec tes chants, avec ta voix mélodieuse ?