Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/174

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Telles furent les paroles des bardes dans les jours consacrés aux chants ; alors que le roi écoutait la mélodie des harpes et les récits des autres temps. Les chefs descendaient de leurs collines pour entendre les sons mélodieux. Ils louaient la voix de Cona[1] la première entre mille bardes ! Mais la vieillesse est maintenant sur ma langue, mon âme est épuisée. J’entends par moments les fantômes des bardes et j’apprends leurs chants mélodieux. Mais la mémoire s’éteint dans mon âme. J’entends la voix des années ! Elles me disent à mesure qu’elles passent :

« Pourquoi Ossian chante-t-il ? Il se reposera bientôt dans l’étroite demeure et aucun barde ne célébrera sa gloire ! » Roulez toujours, sombres années, dans votre cours vous ne m’apportez aucune joie ! Que le tombeau s’ouvre pour Ossian, car sa force s’est évanouie. Les fils de l’harmonie sont allés à leur repos. Ma voix reste après eux comme la brise qui mugit solitaire sur un rocher qu’environnent les flots, lorsque les vents se sont apaisés. La mousse noire siffle et le matelot aperçoit de loin le balancement des arbres !


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  1. Ossian est quelquefois poétiquement appelé : la voix de Cona.