Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/177

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« Trois jours nous renouvelâmes la lutte ; les héros se tenaient à distance et tremblaient. Le quatrième, Fingal s’écria : Le roi de l’Océan est tombé ! mais Swaran dit : Il est debout ! Que le sombre Cuthullin lui cède, à lui qui est fort comme les orages de son pays. »

Non, répliqua le chef aux yeux bleus ; jamais je ne cède à un mortel ! Le sombre Cuthullin sera grand ou mourra ! Va, fils de Fithil, prends ma lance ; frappe le bouclier résonnant de Sémo ; il est suspendu aux portes bruyantes de Tura ; sa voix n’est pas le son de la paix, mes héros l’entendront et obéiront.

Il partit. Il frappa le bouclier : les collines, les rochers répondent ; les sons s’étendent sur les bois ; le daim tressaille près du lac des chevreuils. Curtach s’élance du rocher retentissant, et avec lui Connal au dard ensanglanté. Le seni de neige de Crugal bat avec force ; le fils de Favi quitte la biche à la peau brune et fauve. C’est le bouclier des combats, s’écrie Ronnar ; la lance de Cuthullin, dit Lugar. Fils de la mer, Calmar, prends tes armes ! lève ton fer retentissant ! — Puno, héros terrible, lève-toi. — Cairbar, quitte ton arbre embrasé de Cromla. — Ploie le genou, ô Eth ! descends des torrents de Lena. — Ca-olt, étends tes flancs, en passant le long des landes sifflantes de Mora ; tes flancs blancs comme l’écume de la mer agitée, quand les vents ténébreux la répandent sur les rochers de Cuthon.

Je vois maintenant les chefs dans l’orgueil de leurs premiers exploits. Leurs âmes s’enflamment au souvenir des batailles d’autrefois et des actions des temps passés. Leurs yeux sont des flammes qui roulent, cherchant les ennemis de leur pays. Leurs mains puissantes sont sur leurs épées ; les éclairs ruissellent de leurs flancs d’acier. Comme des tor-