Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/189

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et mugissant des bruyères sonores de Golhun. Chacun d’eux le réclamait, et la mort s’était souvent montré à la pointe leur acier. Côte à côte ces héros combattirent et les étrangers de l’Océan prirent la fuite. Quel nom fut plus beau sur la colline que le nom de Cairbar et de Grudar ? Mais hélas ! pourquoi le taureau mugissait-il toujours sur les bruyères sonores de Golbun ? Ils le virent bondissant, blanc comme la neige ; et le courroux des chefs se ralluma.

Ils combattirent sur les rives gazonnées du Lubar ;[1] et Grudar tomba dans son sang. Le farouche Cairbar vint à la vallée où Brassolis, la plus belle de ses sœurs, chantait, solitaire, le chant de la tristesse. Elle chantait les actions de Grudar, le jeune et secret amour de son âme. Elle gémissait sur lui, exposé dans le champ du carnage, mais encore, elle espérait son retour. Son sein se voyait sous sa robe, comme la lune entre les nuages de la nuit, quand ses bords sortent ronds et blancs des ténèbres qui couvrent son orbe. Sa voix était plus douce que la harpe, pour exhaler les chants de la tristesse. Son âme s’était posée sur Grudar, et c’était lui, qu’en secret, cherchaient les regarris de ses yeux. Quand reviendras-tu dans tes armes, ô toi puissant dans les combats ? »

Cairbar vint et dit : « Prends, Brassolis, prends ce bouclier sanglant. Suspends-le dans ma demeure, c’est l’armure de mon ennemi ! » Son tendre cœur battit contre sa poitrine. Éperdue, pâle, elle vole et trouve son jeune guerrier étendu dans son sang. Elle mourut sur la bruyère du Cromla. Ici reposent leurs cendres, Cuthullin ! Ces ifs solitaires, nés de leurs tombes, les abritentcontre l’orage.

« Belle était Brassolis sur la plaine ! majestueux

  1. Lubar, rivière dans l’Ulster. « Labhar », haut, bruyant.