Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/213

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je suis, puis-je te défendre, fille de l’Océan ? Mon épée n’est pas sans égale dans la guerre ; mais indomptable est mon cœur. »

« Je vole vers toi, dit-elle en soupirant, ô prince des hommes puissants, je vole vers toi, chef aux coupes généreuses, soutien de la faiblesse. Le roi de Craca voyait en moi le rayon brillant de sa race et les collines du Cromla ont entendu les soupirs d’amour adressés à la malheureuse Fainasollis ! Le chef de Sora me vit dans ma beauté ; il aima la fille de Craca. Son epée sur son flanc est un rayon de lumière ; mais son front est sombre et les orages sont dans son âme. Je le fuis sur la mer rugissante ; mais le chef de Sora me poursuit. »

« Repose-toi, lui dis-je, derrière mon bouclier ! repose en paix, ô doux rayon de lumière ! Il fuira le sombre chef de Sora, si le bras de Fingal ressemble à son âme. Je pourrais, fille de la mer, te cacher dans quelque caverne solitaire ; mais Fingal ne fuit jamais. Partout où menace le danger, je me réjouis dans la tempête des lances. » Je vis des larmes sur sa joue ; j’eus pitié de la belle enfant de Craca.

Mais au loin, comme une vague terrible, apparut le vaisseau de l’orageux Borbar. Ses mâts élevés se penchaient sur la mer derrière leurs voiles de neige et les vagues écumantes roulaient de chaque côté. La voix de l’Océan mugissait. « Descends, lui dis-je, du rugissement des flots, ô toi qui chevauches la tempête. Viens partager les fêtes de mon palais : c’est la demeure des étrangers. »

La jeune fille se tenait tremblante à mes côtés. Il bande son arc : elle tombe. « Sûre est ta main, lui dis-je, mais faible était ton adversaire » Nous combattîmes. Terrible fut cette lutte de mort. Il tomba sous mon épée. Nous plaçâmes sous deux lombes de pierre ces jeunes et infortunés amants.

« Tel je fus dans ma jeunesse. Que ta vieillesse,