Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/236

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vers la cime du Cromla, et j’aperçus le fils du généreux Semo. Triste et à pas lents, il se retirait de la colline vers la caverne solitaire de Tura. Il avait vu Fingal victorieux et la douleur se mêlait à sa joie. Le soleil brille sur son armure : Connal le suit à pas lents. Ils disparaissent derrière la colline, comme deux colonnes de feu, pendant la nuit, lorsque les vents les chassent sur la montagne et que la bruyère s’enflamme et retentit. Non loin d’un torrent à la bouillonnante écume, sa caverne est dans un rocher. Un arbre se penche au-dessus et les vents mugissent dans l’écho de ses flancs. C’est là que repose le chef d’Érin, le fils du généreux Semo. Il pense aux batailles qu’il a perdues et les larmes sont sur ses joues. Il pleure le départ de sa gloire qui s’est envolée comme le brouillard de Cona. Ô Bragéla, tu es trop loin, trop loin pour consoler l’âme du héros ! Mais que ta brillante image se montre à son esprit pour que ses pensées revolent vers le solitaire rayon de son amour !

Quel est celui qui s’avance sous les boucles de la vieillesse ? C’est le fils de l’harmonie. « Salut à toi, Carril des temps passés ! Ta voix est comme la harpe dans les salles de Tura. Tes paroles sont agréables comme la pluie qui tombe sur les champs pleins de soleil. Carril des anciens jours, pourquoi quittes-tu le fils du généreux Semo ? »

« Ossian, roi des épées, répondit le barde, bien mieux que moi tu sais élever la voix des chants. Depuis longtemps tu es connu de Carril, ô toi qui règles les combats ! Souvent j’ai touché la harpe pour la belle Éverallin ; souvent tu t’es joint à ma voix dans les salles de Branno aux coupes généreuses ; et souvent, au milieu de nos voix, on entendait la bien douce Éverallin. Un jour elle chantait la chute de Cormac, le jeune guerrier qui mourut pour obtenir son amour. Je voyais des larmes sur ses joues et sur