Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/256

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inégaux sur la bruyère. Je vis de loin la fureur du héros et je dis au fils de Morni : « Chef de Strumon, vois-tu les ennemis ? Furieux, ils se rassemblent sur cette colline. Portons nos pas vers Fingal. Il paraîtra dans sa force et l’armée de Lathmon s’évanouira. Guerrier, notre gloire nous entoure : les yeux des vieillards[1] se réjouiront. Mais retirons-nous, fils de Morni : Lathmon descend de la colline. » — « Que ce soit donc à pas lents, répondit Gaul aux blonds cheveux ; de peur que l’ennemi ne dise avec un sourire : « Voyez ces guerriers de la nuit ! Ils sont, comme les fantômes, terribles dans les ténèbres ; mais ils s’évanouissent devant le rayon de l’Orient. » Ossian, prends le bouclier de Gormar qui tomba sous ta lance. Les vieux héros se réjouiront en contemplant les hauts faits de leurs fils. »

Telles étaient nos paroles sur la plaine, quand Sulmath s’approcha de Lathmon : Sulmath chef de Dutha sur les rives du noir torrent de Duvranna. « Pourquoi ne t’élances-tu pas, fils de Nuath, avec mille de tes héros ? Pourquoi ne descends-tu pas avec ton armée, avant que ces guerriers s’enfuient ? Leurs armes bleues brillent à la lumière naissante et leurs pas sont devant nous sur la bruyère ! »

« Homme à la main débile, répondit Lathmon, descendre avec mon armée ! Ils ne sont que deux, fils de Dutha ! Mille guerriers contre eux lèveront-ils leurs glaives ? Nuath pleurerait dans son palais la perte de sa gloire. Ses yeux se détourneraient de Lathmon quand il entendrait le bruit de mes pas. Chef de Dutha, rends-toi près de ces héros : je reconnais la démarche majestueuse d’Ossian. Sa renommée est digne de mon glaive ! Dis-lui que je rappelle au combat. »

Le noble Sulmath vint à nous et je me réjouis

  1. Fingal et Morni.