Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/257

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des paroles du roi. Je posai le bouclier sur mon bras : Gaul plaça dans ma main l’épée de Morni. Nous revînmes sur les rives murmurantes du torrent. Lathmon descendit dans sa force. Son armée roulait derrière lui comme de sombres nuages ; mais le fils de Nuath brillait dans son armure !

« Fils de Fingal, me dit le héros, ta gloire a grandi sur nos défaites. Combien de mes guerriers reposent là, abattus partes mains, ô roi des hommes ! Maintenant, lève ta lance contre Lathmon ! Couche sur le sol le fils de Nuath ! Couche-le parmi ses guerriers, ou toi-même tombe ! Jamais il ne sera dit dans ma demeure que mon peuple a péri sous mes yeux ; qu’il a péri sous les yeux de Lathmon, tandis que son épée dormait à son côté ! Les yeux bleus de Cutha rouleraient dans les larmes : ses pas seraient solitaires dans les vallons de Dunlathmon ! « Et il ne sera pas dit non plus, répliquai-je, que le fils de Fingal a fui. Quand les ténèbres de la tombe environneraient ses pas, Ossian ne fuirait point. Son âme prendrait une voix pour lui dire : « Le barde de Selma redoute-t-il l’ennemi ? « Non, il ne craint point l’ennemi ! sa joie est au milieu des batailles ! »

Lathmon s’avance sur moi avec sa lance : il perce mon bouclier et je sens contre mon flanc le froid de son acier. Je tire l’épée de Morni et coupe la lance en deux. La pointe tombe étincelante sur la terre. Le fils de Nuath brûle de rage et lève son bouclier sonore. Il se penche en avant et ses yeux sombres roulent au-dessus du bouclier qui brille comme une porte d’airain. Mais la lance d’Ossian en perça les bosses brillantes et se planta dans un arbre qui se trouvait derrière lui. Le bouclier reste suspendu sur la lance vibrante. Cependant Lathmon avançait toujours ; Gaul prévit la clmte du béros : il étendit son bouclier devant mon épée au moment où elle des-