Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sur sa lance, s’avance Colla aux cheveux blancs : son visage est sombre et penché, et la douleur est dans son âme ; son épée est à son côté, le casque de ses pères est sur sa tête. L’image des combats remplit son âme ; il cherche à me cacher ses larmes.

« Dar-thula, ma fille, dit-il, tu es la dernière de la race de Colla ! Truthil est tombé dans le combat. Le chef de Selama n’est plus ! Cairbar s’avance avec ses milliers vers les murs de Selama. Colla bravera son orgueil et vengera son fils. Mais où trouverai-je ton salut, Dar-thula, ma fille à la brune chevelure ? Tu es belle comme le rayon du ciel, et tes amis ne sont plus ! » — « Est-il tombé l’enfant de la bataille ? m’écriai-je en poussant un soupir ; l’âme du généreux Truthil a-t-elle cessé de briller dans le champ des combats ? Colla, mon salut est dans cet arc ! J’ai appris à percer le cerf. Père du malheureux Truthil, Cairbar n’est-il pas semblable au cerf du désert ? »

Le visage du vieillard rayonne de joie ; les larmes tombent à flots pressés de ses yeux ; ses lèvres tremblent et sa barbe grise siffle au vent. « Tu es la sœur de Truthil, s’écria Colla ; tu brûles du feu de son âme ! Prends, Dar-thula, prends cette lance, ce bouclier d’airain et ce casque étincelant ; ce sont les dépouilles d’un guerrier enfant de la jeunesse ! Quand la lumière se lèvera sur Selama, nous irons à la rencontre de Cairbar : mais tiens-toi près du bras de Colla, à l’ombre de mon bouclier. Ton père, Dar-thula, pouvait jadis te défendre, mais la vieillesse tremble maintenant sur ses mains ; la force manque à son bras, et son âme est obscurcie par la douleur.

Nous passâmes la nuit dans la tristesse. La lumière du matin se leva. Je brillais sous les armes de la guerre. Le héros aux cheveux gris marchait devant moi. Les enfants de Selama se rassemblèrent au-