Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/277

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géla est loin de toi ! Collines de l’île des brouillards, quand donc répondrez-vous à ses limiers ? Mais vous êtes sombres sous vos nuages, et c’est en vain qu’appelle la triste Bragéla. La nuit vient en déroulant ses voiles et la face de l’Océan disparaît à mes yeux. La tête du coq de bruyère est sous son aile et la biche dort auprès du cerf du désert. Ils s’éveilleront avec la lumière du matin et ils iront paître la mousse des torrents. Mais moi, mes larmes reviennent avec le jour et mes soupirs descendent avec la nuit. Quand donc reviendras-tu dans tes armes, ô chef des guerriers d’Érin ? »

Fille de Sorglan, agréable est ta voix à l’oreille d’Ossian ! Mais retire-toi dans la salle des coupes, près du chêne embrasé qui l’éclaire. Prête l’oreille au murmure de la mer : elle roule sous les murs de Dunscaï. Que le sommeil descende sur tes yeux bleus et que ton héros se lève au milieu de tes songes !

Cuthullin est assis près du lac de Lego, près des sombres houles de ses vagues. La nuit environne le héros et ses mille guerriers se dispersent sur la bruyère. Cent chênes brûlent au milieu d’eux, et le festin des coupes répand au loin sa fumée. Carril touche sa harpe sous un arbre. Ses cheveux blancs brillent à la clarté des chênes. La brise frémissante de la nuit joue autour de lui et soulève sa chevelure argentée. Il chante la bleue Togorma et son chef Connal, l’ami de Cuthullin. « Pourquoi es-tu absent, ô Connal, au jour de la sombre tempête ? Les chefs du Sud se sont assemblés contre le royal Cormac. Les vents retiennent tes voiles et tes vagues bleues roulent autour de toi. Mais Cormac n’est pas seul, le fils de Semo coumbat dans ses guerres : le fils de Semo, la terreur de l’étranger, semblable à la vapeur de mort, lentement portée par les vents brûlants : le soleil rougit en sa présence et les hommes tombent de tous côtés. »