Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/279

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étoile ne tremble sur ta cime ; nul rayon de lune sur tes flancs ; mais j’y vois les météores de la mort ; les formes humides et grises des fantômes. Pourquoi es-tu sombre, ô Slimora, avec tes bois silencieux ? » Le barde se retira au murmure de son chant. À sa voix Carril joignit la sienne, et cette musique était comme le souvenir des joies qui ne sont plus, agréable mais triste à l’âme. Les ombres des bardes décédés l’entendirent sur les flancs du Slimora ; les doux sons se prolongèrent le long de la forêt, et les silencieuses vallées de la nuit se réjouirent. Ainsi, quand dans le silence du jour, Ossian est assis dans la vallée de ses brises, le bourdonnement de l’abeille des montagnes arrive à son oreille : la brise emporte dans sa course l’agréable murmure, mais il revient encore ! Le soleil regarde obliquement sur la plaine et par degrés s’étend l’ombre de la montagne.

« Entonnez, dit Cuthullin à ses cent bardes, le chant de Fingal, ce chant qu’il écoute la nuit, quand descendent les songes de son sommeil ; quand les bardes touchent leurs harpes à distance, et qu’une faible lumière brille sur les murs de Selma. Ou plutôt chantez la douleur de Lara ; les soupirs de la mère de Calmar, quand on chercha vainement son fils sur ses collines et qu’elle aperçut son arc dans le palais. Carril, suspends à cette branche le bouclier de Caithbat, et place auprès la lance de Cuthullin, pour que le signal des batailles s’élève avec le blanc rayon de l’Orient. »

Le héros s’appuya sur le bouclier de son père. Le chant de Lara commence. Les cent bardes se tiennent à quelque distance. Carril seul est auprès du chef. Les paroles de l’hymne étaient de lui, et triste était le son de sa harpe.

CARRIL.

« Alcletha aux boucles de vieillesse, mère du