Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/296

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fils de Connachar, raconte au roi les particularités du meurtre de Cormac. Fingal envoie son fils Fillan observer pendant la nuit les mouvements de Callimor, ce qui termine l’action du premier jour.
La scène est dans une plaine, près de la montagne de Mora, aux pieds de laquelle s’étendent les bruyères de Moi-lena dans l’Ulster.

Les vagues bleues d’Érin roulent dans la lumière, le jour couvre les montagnes et les arbres balancent à la brise leurs têtes rembrunies ; les torrents grisâtres versent leurs eaux bruyantes. Deux vertes montagnes chargées de chênes antiques entourent une plaine étroite. Là courent les eaux bleues d’un torrent : sur ses bords était Cairbar d’Atha. La lance du roi lui sert d’appui ; ses yeux sont rouges de tristesse et de terreur. Dans son âme se lève Cormac avec toutes ses borribles blessures. Le spectre livide du jeune chef apparaît dans les ténèbres ; le sang coule de ses flancs aériens. Trois fois Cairbar jette sa lance sur la terre, trois fois il saisit sa barbe : ses pas sont courts ; souvent il s’arrête et agite ses bras nerveux ; il est comme un nuage dans le désert, changeant de forme à cliaque bouffée de vent. Les vallées voisines sont tristes, et tour à tour elles redoutent la pluie. Le roi, recueillant enfin son âme, prend sa lance aiguë et tourne les yeux vers la plaine de Lena. Les sentinelles de l’Océan accouraient ; elles accouraient avec les pas de la peur et souvent elles regardaient derrière elles. Cairbar comprit que les puissants étaient proches : il appela ses sombres chefs.

Ses guerriers viennent et leurs pas retentissent ; ils tirent en même temps leurs épées. Là se tient Morlath au visage morne ; le vent soupire dans la longue chevelure d’Hidalla ; Cormar aux cheveux roux se penche sur sa lance et roule ses yeux aux obliques regards ; sauvage, sous deux épais sour-