Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/301

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l’éloignement, entonne un chant de douleur. Mon fils reconnaît le signal de mort et, se levant, il saisit sa lance. — « Oscar, dit Cairbar aux cheveux roux, j’aperçois la lance d’Érin. Fils des bois de Morven, dans ta main brille la lance de Témora, l’orgueil de cent rois, la mort des héros des siècles passés ! Cède-la, fils d’Ossian, cède-la à Cairbar le chef des chars ! »

« Je céderais, reprit Oscar, le présent de l’infortuné roi d’Érin ! le présent que Cormac aux blonds cheveux fit à Oscar, lorsque je dispersai ses ennemis ! Quand Swaran eut fui devant Fingal, je me rendis au palais de Cormac. La joie se leva sur le visage du jeune chef ; il me donna la lance de Témora. Et il ne l’a point donnée à un lâche, ô Cairbar, ni à une âme débile ! Les ténèbres de ta face ne sont point une tempête pour moi ; ni tes yeux, les flammes de la mort ! Est-ce que je m’effraie du bruit de ton bouclier ? Est-ce que je tremble au chant d’Olla ? Non : Cairbar, épouvante le faible ; Oscar est un rocher ! »

« Tu ne céderas pas la lance, reprit Cairbar avec orgueil ? Tes paroles sont-elles si superbes parce que Fingal est proche ? Fingal, ce roi aux cheveux blancs des cent bois de Morven ? Il n’a combattu que des hommes dégénérés, mais il s’évanouira devant Cairbar, comme une colonne de brouillard devant les vents d’Atha ! » — « Si celui qui n’a combattu que des hommes dégénérés était en présence du chef altier d’Atha, le chef d’Atha, pour éviter sa fureur, abandonnerait la verdoyante Érin ! Ne parle plus du puissant, ô Cairbar ! tourne ton épée contre moi ! Notre force est égale, mais Fingal est renommé, Fingal est le premier des mortels ! »

Les guerriers observent leurs sombres chefs ; leurs pas se pressent et retentissent au loin ; leurs yeux roulent dans le feu : mille épées sont à moitié tirées.