Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/339

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Cathmor ne se tournèrent point avec indifférence sur la vierge aux longs cheveux.

Le troisième jour se levait, quand Fithil vint des torrents d’Érin. Il rapporta que le bouclier de la guerre était levé dans Selma et que le danger menaçait Cairbar. Cathmor déploya les voiles à Cluba ; mais les vents étaient dans d’autres contrées. Il resta trois jours sur la côte ; ses yeux se tournaient vers le palais de Conmor ; il se rappelait la fille des étrangers et soupirait. Mais au moment où les vents réveillaient les vagues, un jeune guerrier descendit tout armé de la colline pour lever l’épée, avec Cathmor, dans le champ de ses batailles. — C’était Sul-malla aux blanches mains. Elle se tenait cachée sous son casque. Ses pas suivaient les pas du roi : ses yeux bleus se tournaient avec joie sur lui quand il reposait aux bords de ses torrents écumants. Mais Cathmor pensait que, sur Lumon, elle poursuivait encore les chevreuils ; il pensait que, belle sur un rocher, elle étendait sa blanche main aux vents pour sentir s’ils venaient d’Érin, la verte demeure de son amant. Il lui avait promis de revenir avec ses vaisseaux aux blanches voiles ; mais la jeune fille, ô Cathmor, est près de toi, appuyée sur son rocher !

Les chefs se tenaient, majestueux, autour de Cathmor ; tous, excepté Foldath, au sombre sourcil. Il s’appuie contre un arbre éloigné, son âme hautaine repliée sur elle-même. Le vent siffle dans ses cheveux touffus ; de temps à autre il bourdonne un chant ; enfin il frappe l’arbre de colère et s’élance devant le roi. Calme et majestueux à la clarté du chêne, se tenait le jeune Hidalla ; sa chevelure, autour de ses joues rougissantes, tombent en boucles d’ondoyante lumière. Douce était sa voix à Clonra[1], dans la vallée de ses pères ; douce était sa

  1. Clonra, vallée qui serpente.