Page:Ossian - Œuvres complètes, 1842, trad. Lacaussade.djvu/351

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bre, et son ombre planera dans le brouillard sur l’étang que des roseaux. »

Malthos l’écoutait avec un doute de plus en plus sombre ; il roulait ses yeux en silence ; il connaissait la présomption de Foldath. Il lève les yeux et voit Fingal sur sa colline : il se retourne aussitôt d’un air sombre et plein de doute, et replonge son épée au milieu du combat.

Dans l’étroite vallée de Clono, où deux arbres s’inclinent sur le torrent, sombre dans sa tristesse, se tenait le fils silencieux de Duthno. Le sang coule du flanc de Dermid ; son bouclier est brisé près de lui et sa lance s’appuie contre une pierre. Pourquoi, Dermid, pourquoi si triste ?

« J’entends le rugissement de la bataille, mes guerriers sont seuls ; mes pas sont lents sur la bruyère et je n’ai plus de bouclier. — Triomphera-t-il ? ce ne sera que lorsque Dermid aura été renversé ! Je veux te défier, ô Foldath ! et te combattre de nouveau. »

Il saisit sa lance avec une joie terrible. Le fils de Morni arrive : « Arrête, fils de Duthno, arrête ! Tes pas laissent des traces de sang ; tu n’as plus de bouclier : pourquoi veux-tu tomber sans armes ? » — « Fils de Morni, donne-moi ton bouclier ; souvent il a fait reculer la bataille ; j’arrêterai ce chef dans sa course ! Fils de Morni, vois cette pierre qui lève sa tête grise au-dessus des herbes : là repose un chef de la race de Dermid ; place-moi là pendant la nuit. »

Il monte lentement sur la colline et contemple la confuse mêlée où les rangs étincelants de la bataille sont brisés et rompus de toutes parts. Comme ces feux éloignés qu’on voit la nuit sur la bruyère, tantôt paraissant perdus dans la fumée, tantôt élevant leurs torrents enflammés sur la colline, selon que les vents soufflent ou s’apaisent ; ainsi la bataille indécise se déploie sous les yeux de Dermid au large bouclier. À travers l’armée, Foldath se fraie un che-