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DES POÈMES D’OSSIAN.

qui l’avait aidé. De là vient sans doute que l’aveugle de la Calédonie n’a point fait, comme le poète grec, intervenir les Dieux en faveur de ses guerriers. Les héros d’Ossian sont de la taille des héros d’Homère : comme l’audacieux Ajax, défiant le Dieu des flots, Fingal affronte et combat dans la nuit le redoutable Esprit de Loda. Loin d’implorer le secours d’un être surnaturel, le roi de Morven se serait plutôt écrié avec l’intrépide fils de Télamon :

Ô Dieu ! rends-moi le jour et combats contre moi !

D’ailleurs, ceux qui ont écrit en langue celtique, parlent rarement de religion dans leur poésie profane ; et quand la religion fait le thème principal de leurs chants, ils ne mêlent jamais les actions des héros à leurs compositions sacrées. Cette coutume seule, antérieure à la chute des Druides, expliquerait suffisamment le silence de l’auteur sur la religion de son temps.

Conclure du silence d’Ossian que ce barde vivait au milieu de tribus étrangères à toute idée religieuse serait trahir une complète ignorance de l’histoire de l’homme. Le cœur humain, à défaut de croyances, se nourrit de superstitions. Quel peuple, si barbare qu’il soit,